Évangéline (English version)

version française de cette page

I’ve written elsewhere about the Great Upheaval of 1755, when the Council of Nova Scotia decided to deport the Acadians from what we now know as New Brunswick and Nova Scotia.

As many as 10,000 of them were forced onto ships that took them as far away as South Carolina and Georgia.

 Statue d'Evangéline - héroïne de la déportation acadienne - à Saint Martinville en Louisiane
Statue of Evangéline, the heroine of the Acadian deportation, in Saint Martinville, Louisiana (photo from Wikipedia Commons)

In 1847, 90 years later, the poet Henry Wadsworth Longfellow wrote Evangeline: a Tale of Acadia. 

This epic told the story of Évangéline Bellefontaine and her fiancé Gabriel Lajeunesse, who were torn apart by the deportation.

For years, Évangéline searched for Gabriel, all across America. Eventually, in Philadelphia, where she was working as a nurse, she found him — aged and unknown. He died in her arms.

In 1865, Phamphile Le May made what French Wikipedia calls « a free translation » of Longfellow’s poem. This became very popular among French-Canadians, especially the descendants of the Acadians. Le May’s version is quite different from Longfellow’s; Le May added his own ideas about « propagating on American soil the spiritual value of Catholic and French civilization. »

Be that as it may, this song, composed in 1971 by Michel Conte, was inspired by the poem, and by the role that its fictional heroine plays in the culture and the mythology of l’Acadie.

Les étoiles étaient dans le ciel
Toi dans les bras de Gabriel
Il faisait beau, c’était dimanche
Les cloches allaient bientôt sonner
Et tu allais te marier
Dans ta première robe blanche

The stars were in the sky
And you were in Gabriel’s arms
The weather was fine; it was Sunday
The church bells were soon going to ring out
And you were going to be married
In your first white dress

L’automne était bien commencé
Les troupeaux étaient tous rentrés
Et parties toutes les sarcelles
Et le soir au son du violon
Les filles et surtout les garçons
T’auraient dit que tu étais belle

Autumn had truly begun
The flocks had all returned home
And all the teal ducks had flown
And at evening, to the strains of the fiddle
The girls, and especially the boys,
Would have told you that you were beautiful.

Évangéline, Évangéline

Mais les Anglais sont arrivés
Dans l’église ils ont enfermé
Tous les hommes de ton village
Et les femmes ont dû passer
Avec les enfants qui pleuraient
Toute la nuit sur le rivage

But the English came
In the church, they shut in
All the men from the village
And the women had to wait
with their crying children
all night, on the river bank

Au matin ils ont embarqué
Gabriel sur un grand voilier
Sans un adieu, sans un sourire
Et toute seule sur le quai
Tu as essayé de prier
Mais tu n’avais plus rien à dire

In the morning, they took him away –
Gabriel – on a great sailing ship
without a goodbye, without a smile
And all alone on the dock
you tried to pray
but you had nothing more to say.

Évangéline, Évangéline

Alors pendant plus de vingt ans
Tu as recherché ton amant
À travers toute l’Amérique
Dans les plaines et les vallons
Chaque vent murmurait son nom
Comme la plus jolie musique

And so, for more than twenty years
you searched for your lover
across all of America
in the plains, in the valleys
each breeze whispered his name
like the sweetest music.

Même si ton coeœur était mort
Ton amour grandissait plus fort
Dans le souvenir et l’absence
Il était toutes tes pensées
Et chaque jour il fleurissait
Dans le grand jardin du silence

Even though your heart had died
your love grew stronger
in memory and in absence
he was your every thought
and every day, he bloomed
in the great garden of silence

Évangéline, Évangéline

Tu vécus dans le seul désir
De soulager et de guérir
Ceux qui souffraient plus que toi-même
Tu appris qu’au bout des chagrins
On trouve toujours un chemin
Qui mène à celui qui nous aime

You survived with a single desire
to care for and to heal
those who suffered more than you
you learned that at the end of sorrow
we always find a road
that leads to the one who loves us

Ainsi un dimanche matin
Tu entendis dans le lointain
Les carillons de ton village
Et soudain alors tu compris
Que tes épreuves étaient finies
Ainsi que le très long voyage

And so it was, one Sunday morning,
you heard in the distance
the bells of your home village
and you suddenly understood
that your trials were over
and so was this long, long journey

Évangéline, Évangéline

Devant toi était étendu
Sur un grabat un inconnu
Un vieillard mourant de faiblesse
Dans la lumière du matin
Son visage sembla soudain
Prendre les traits de sa jeunesse

Before you was laid out
on a cot, a nameless man,
an old man, dying from his frailty.
In the light of the morning
his face seemed suddenly
to take on the features of his youth

Gabriel mourut dans tes bras
Sur sa bouche tu déposas
Un baiser long comme ta vie
Il faut avoir beaucoup aimé
Pour pouvoir encore trouver
La force de dire merci

Gabriel died in your arms
on his lips, you placed
a kiss as long as your life
he must have been greatly loved
to have been able to find
the strength to say « thank you »

Évangéline, Évangéline

Il existe encore aujourd’hui
Des gens qui vivent dans ton pays
Et qui de ton nom se souviennent
Car l’océan parle de toi
Les vents du sud portent ta voix
De la forêt jusqu’à la plaine

Still today, there are
people living in your homeland
and who recall your name
because the ocean speaks of you
the winds from the south carry your voice
from the forest to the plain

Ton nom c’est plus que l’Acadie
Plus que l’espoir d’une patrie
Ton nom dépasse les frontières
Ton nom c’est le nom de tous ceux
Qui malgré qu’ils soient malheureux
Croient en l’amour et qui espèrent

Your name is more than l’Acadie
more than the hope of a homeland
you name goes beyond borders
your name is the name of all those
who, despite their misery,
believe in love, and who hope.

Évangéline, Évangéline

Évangéline (version française)

English version of this post

J’ai écrit ailleurs du Grand Dérangement de 1755, quand le Conseil de Nouvelle-Écosse a pris la décision de déporter les Acadiens de ce qu’est connu aujourd’hui comme Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse.

Peut-être 10 000 entre eux étaient forcés sur des navires à voile, qui les ont emmenés aussi loin que la Caroline de Sud et la Géorgie.

 Statue d'Evangéline - héroïne de la déportation acadienne - à Saint Martinville en Louisiane
Statue d’Evangéline – héroïne de la déportation acadienne – à Saint Martinville en Louisiane (photo de Wikipedia Commons)

En 1847, 90 ans plus tard, le poéte américain Henry Wadsworth Longfellow a écrit (en anglais) Evangeline: a Tale of Acadia (un conte de l’Acadie). 

Ce poéme epique racontait l’histoire de Évangéline Bellefontaine et son amour Gabriel Lajeunesse, qui étaient séparées par le Grand Dérangement.

Pendant des décennies, Évangéline cherchait Gabriel, à travers l’Amérique. Finalement, à Philadelphia, où elle travallait comme infermière, elle le trouve, vieux et inconnu; il meurt dans ses bras.

En 1865, Phamphile Le May a fait « une traduction libre » en français du poéme, qui est devenu très populaire parmi des canadiens français, surtout les descendants des acadiens. (La version de Le May, selon Wikipédia, est toute à fait différente de celle de Longfellow. Le May a ajouté ses propres idées pour « propager en terre d’Amérique les valeurs spirituelles de la civilisation catholique et française. »

Soit qu’il en soit, cette chanson, composé en 1971 par Michel Conte, était inspiré par le poéme et par le rôle que l’héroïne fictive a dans la culture et le mythe de l’Acadie.

Les étoiles étaient dans le ciel
Toi dans les bras de Gabriel
Il faisait beau, c’était dimanche
Les cloches allaient bientôt sonner
Et tu allais te marier
Dans ta première robe blanche

The stars were in the sky
And you were in Gabriel’s arms
The weather was fine; it was Sunday
The church bells were soon going to ring out
And you were going to be married
In your first white dress

L’automne était bien commencé
Les troupeaux étaient tous rentrés
Et parties toutes les sarcelles
Et le soir au son du violon
Les filles et surtout les garçons
T’auraient dit que tu étais belle

Autumn had truly begun
The flocks had all returned home
And all the teal ducks had flown
And at evening, to the strains of the fiddle
The girls, and especially the boys,
Would have told you that you were beautiful.

Évangéline, Évangéline

Mais les Anglais sont arrivés
Dans l’église ils ont enfermé
Tous les hommes de ton village
Et les femmes ont dû passer
Avec les enfants qui pleuraient
Toute la nuit sur le rivage

But the English came
In the church, they shut in
All the men from the village
And the women had to wait
with their crying children
all night, on the river bank

Au matin ils ont embarqué
Gabriel sur un grand voilier
Sans un adieu, sans un sourire
Et toute seule sur le quai
Tu as essayé de prier
Mais tu n’avais plus rien à dire

In the morning, they took him away –
Gabriel – on a great sailing ship
without a goodbye, without a smile
And all alone on the dock
you tried to pray
but you had nothing more to say.

Évangéline, Évangéline

Alors pendant plus de vingt ans
Tu as recherché ton amant
À travers toute l’Amérique
Dans les plaines et les vallons
Chaque vent murmurait son nom
Comme la plus jolie musique

And so, for more than twenty years
you searched for your lover
across all of America
in the plains, in the valleys
each breeze whispered his name
like the sweetest music.

Même si ton coeœur était mort
Ton amour grandissait plus fort
Dans le souvenir et l’absence
Il était toutes tes pensées
Et chaque jour il fleurissait
Dans le grand jardin du silence

Even though your heart had died
your love grew stronger
in memory and in absence
he was your every thought
and every day, he bloomed
in the great garden of silence

Évangéline, Évangéline

Tu vécus dans le seul désir
De soulager et de guérir
Ceux qui souffraient plus que toi-même
Tu appris qu’au bout des chagrins
On trouve toujours un chemin
Qui mène à celui qui nous aime

You survived with a single desire
to care for and to heal
those who suffered more than you
you learned that at the end of sorrow
we always find a road
that leads to the one who loves us

Ainsi un dimanche matin
Tu entendis dans le lointain
Les carillons de ton village
Et soudain alors tu compris
Que tes épreuves étaient finies
Ainsi que le très long voyage

And so it was, one Sunday morning,
you heard in the distance
the bells of your home village
and you suddenly understood
that your trails were over
and so was this long, long journey

Évangéline, Évangéline

Devant toi était étendu
Sur un grabat un inconnu
Un vieillard mourant de faiblesse
Dans la lumière du matin
Son visage sembla soudain
Prendre les traits de sa jeunesse

Before you was laid out
on a cot, a nameless man,
an old man, dying from his frailty
in the light of the morning
his face seemed suddenly
to take on the features of his youth

Gabriel mourut dans tes bras
Sur sa bouche tu déposas
Un baiser long comme ta vie
Il faut avoir beaucoup aimé
Pour pouvoir encore trouver
La force de dire merci

Gabriel died in your arms
on his lips, you placed
a kiss as long as your life
he must have been greatly loved
to have be able to find
the strength to say « thank you »

Évangéline, Évangéline

Il existe encore aujourd’hui
Des gens qui vivent dans ton pays
Et qui de ton nom se souviennent
Car l’océan parle de toi
Les vents du sud portent ta voix
De la forêt jusqu’à la plaine

Still today, there are
people living in your homeland
and who recall your name
because the ocean speaks of you
the winds from the south carry your voice
from the forest to the plain

Ton nom c’est plus que l’Acadie
Plus que l’espoir d’une patrie
Ton nom dépasse les frontières
Ton nom c’est le nom de tous ceux
Qui malgré qu’ils soient malheureux
Croient en l’amour et qui espèrent

Your name is more than l’Acadie
more than the hope of a homeland
you name goes beyond borders
your name is the name of all those
who, despite their misery,
believe in love, and who hope

Évangéline, Évangéline

Dégénération

Mes ancêtres sont tous venus de l’Écosse, des « Highlands and islands » (les terres-hauts et îles, dans l’ouest du pays). Selon une lettre écrit en gaélique par mon grand-père en 1957, son propre grand-père en 1824 a laissé deux frères aux Hébrides, et est allé au Canada avec un troisième frère.

Je crois que les immigrants de n’importe où ont vu des nombreuses jours durs. Mais ceux qui avaient de la chance ont gardé les choses qui comptaient, comme la famille et la culture.

Il est très facile de perdre un souvenir, une culture, une langue… comme le montre cette chanson du groupe québécois Mes Aïeux.

Ton arrière-arrière-grand-père, il a défriché la terre
Ton arrière-grand-père, il a labouré la terre
Et pis ton grand-père a rentabilisé la terre
Pis ton père, il l’a vendue pour devenir fonctionnaire

Your great-great-grandfather, he cleared the land
Your great-grandfather, he worked the land
And then your grandfather made money from the land
And then your father, he sold it so he could become a bureaucrat

Et pis toi, mon p’tit gars, tu sais plus c’que tu vas faire
Dans ton p’tit trois et demi bien trop cher, frette en hiver
Il te vient des envies de devenir propriétaire
Et tu rêves la nuit d’avoir ton petit lopin de terre

And as for you, buddy — you no longer know what you’re going to do
In your little one-bedroom, overpriced, cold in the winter
Sometimes you wish you could buy a place
And at night you dream of having your own little piece of land

Ton arrière-arrière-grand-mère, elle a eu quatorze enfants
Ton arrière-grand-mère en a eu quasiment autant
Et pis ta grand-mère en a eu trois, c’tait suffisant
Pis ta mère en voulait pas ; toi t’étais un accident

Your great-great-grandmother, she had fourteen children
Your great-grandmother had just about as many
And then your grandmother had three; that was plenty
And then your mother didn’t want any; you were an accident

Et pis toi, ma p’tite fille, tu changes de partenaire tout l’temps
Quand tu fais des conneries, tu t’en sauves en avortant
Mais y’a des matins, tu te réveilles en pleurant
Quand tu rêves la nuit d’une grande table entourée d’enfants

And as for you, sweetie, you take new partners all the time
And when you mess up, you save yourself with an abortion
But there are mornings you wake up in tears
After dreaming in the night of a big table surrounded by children

Ton arrière-arrière-grand-père a vécu la grosse misère
Ton arrière-grand-père, il ramassait les cennes noires
Et pis ton grand-père – miracle ! – est devenu millionnaire
Ton père en a hérité, il l’a tout mis dans ses RÉERs

Your great-great-grandfather lived through the Depression
your great-grandfather pinched every penny
And then your grandfather, amazingly, became a millionaire
Your father inherited that, and stuffed it all in his RRSP [IRA].

Et pis toi, p’tite jeunesse, tu dois ton cul au ministère
Pas moyen d’avoir un prêt dans une institution bancaire
Pour calmer tes envies de hold-uper la caissière
Tu lis des livres qui parlent de simplicité volontaire

So now you, youngster, you owe your ass to the government
No way of getting a loan from a bank
So to keep a lid on your fantasy of holding up a bank
You read books about living with simplicity.

Tes arrière-arrière-grands-parents, ils savaient comment fêter
Tes arrière-grands-parents, ça swingeait fort dans les veillées
Pis tes grands-parents ont connu l’époque yé-yé
Tes parents, c’tait les discos ; c’est là qu’ils se sont rencontrés

Your great-great-grandparents, they knew how to party
Your great-grandparents, they danced up a storm at night
And then your grandparents, they were there for Sixties pop
For your parents, it was disco — that’s where they met

Et pis toi, mon ami, qu’est-ce que tu fais de ta soirée ?
Éteins donc ta TV ; faut pas rester encabané
Heureusement que dans l’vie certaines choses refusent de changer
Enfile tes plus beaux habits car nous allons ce soir danser…

And now you, buddy, what do you do with your evenings?
Turn off the TV–you can’t just stay home.
Fortunately in life, some things refuse to change
Put your best clothes on, because tonight we’re going dancing.

Au Ranch à Willie (At Willie’s Ranch)

view in englishIl y a quelques années, j’ai entendu pour la première fois la chanson de Zachary Richard, Le ranch à Willy. J’ai cru que c’était peut-être un whiskey bar en Louisiane. Mais j’ai appris que «Le Ranch à Willy» était en fait un programme télevisé au Québec. Zachary Richard lui-même a dit:

Mon premier passage à la télévision était en 1974 à l’émission «Le ranch à Willy» à Montréal. L’animateur Willy Lamothe était et resera selon moi le plus grand des chanteurs country western du Québec.

Voilà je decouvrais le phénomène de la musique country western de Québec et aussi Willie Lamothe, qui a pratiquement créé la musique western (comme elle est connue au Canada francophone).

Cette musique western existe encore, comme vous pouvez voir chaque septembre au festival de Saint-Tite, ou avec un playlist je viens de trouver sur YouTube: Franco-Country (89 chansons!).

Mais je veux retourner à la chanson de Zachary Richard. Pour moi, c’est un hommage affectueux à Willie et sa émission. Un chanteur (peut-être pas un bon chanteur) rêve de devenir une star.

La voici, chanté par Revanche.

La nuit avant que je m’endors
Je ferme mes yeux très très fort,
Et je vois la scène et tous les gens devant.
Derrière le rideau, j’entends tous les bravos,
Dès que je joue mon premier accord.

Last night, just before I fell asleep
I closed my eyes tight
And I could see the scene, with all the people out front
From behind the curtain, I could hear all the bravos
As soon as I play my first chord

Refrain:
Quand moi je vais chanter au Ranch à Willie,
Huit heures et demi le mercredi au soir.
Tout le monde sera mon ami
Avant neuf heures moins quart,
Ils ne riront plus quand moi je vais devenir star.

When I get to sing on Ranch à Willie
At 8:30, Tuesday evening
Everybody’s going to be my friend
Before a quarter to nine
They’re won’t laugh any more when I’m a star.

Dans un rêve la Sainte Vierge est venu me visiter,
Habillée en blanc, ma couleur préférée.
Avec ses beaux yeux bleus, pendant que je lui tenais chaud,
Elle confirmait ce que j’ai toujours su.

In a dream, the Blessed Virgin came to visit me
Dressed in white (my favorite color)
With her beautiful blue eyes, while I looked at them warmly,
She confirmed what I’ve always known

Refrain

La première des journaux le lendemain matin
Parlera de l’arrivée d’un grand chanteur.
Mais je ne vais pas me gonfler, ni oublier mes amis
Qui étaient là pour moi la première fois.

The first editions, the morning after,
Will talk about the arrival of a great singer
But I’m not gonna get a big head, or forget my friends
Who were there for me the first time.

Refrain

Ca fait laissez les se moquer
De ma coupe de cheveux et de mes habits,
Et de mon grand nez très bizarre.
Quand ils viendront pour acheter leurs billets,
L’affiche dira: “Complet, tant pis, trop tard.”

So let them make fun of me —
Of my haircut and my clothes
And my strange, big nose —
When they come to buy their tickets
The sign’s going to say, « Sold out, too bad, too late. »

Charles Trenet – La Mer

Ma femme vient de finer son premier cours de la langue française. Elle a travaillé fort, et à mon avis a beaucoup appris. J’espère de la pratiquer plus moi-même. Pendant le nouveau an, je veux ajouter beaucoup des choses à ma charrette, comme cette chanson-ci.

En anglais, nous reconnaissons cette mélodie sous le titre « Beyond the Sea (Delà de la mer) » mais les paroles ne sont pas proche à ce que Charles Trenet chante ici.

La mer qu’on voit danser
Le long des golfes clairs
A des reflets d’argent
La mer des reflets changeants
Sous la pluie

The sea, that we see dancing
along the clear gulfs
has highlights of silver
the sea of shimmering reflections
under the rain

La mer au ciel d’été
Confond ses blancs moutons
Avec les anges si purs
La mer bergère d’azur
Infinie

The sea, under the summer sky,
confuses his white sheep [the waves, the foam]
with the angels so pure
the sea, the shepherdess
of the infinite blue

Voyez près des étangs
Ces grands roseaux mouillés
Voyez ces oiseaux blancs
Et ces maisons rouillées

Look, near the ponds
Those huge, wet reeds
Look at those white birds
and their rust-colored homes

La mer les a bercés
Le long des golfes clairs
Et d’une chanson d’amour
La mer a bercé mon coeur
Pour la vie

The sea has embraced them
along the clear gulfs
and with a song of love
the sea has embraced my heart
for life

Et voici, peut-être la version la plus connue en anglais, avec Bobby Darin.

Somewhere beyond the sea
Somewhere waiting for me
My lover stands on golden sands
And watches the ships that go sailing

Quelque part, au-delà de la mer
Quelque part, m’attendant,
Mon amour se tient sur le sable doré
Et regarde les navires qui vont voile

Somewhere beyond the sea
She’s there watching for me
If I could fly like birds on high
Then straight to her arms
I’d go sailing

Quelque part, au-delà de la mer
Elle est là, elle guette pour moi
Si je pouvais voler comme des oiseaux au-dessus
Puis, tout droit dans ses bras
J’irais voile

It’s far beyond the stars
It’s near beyond the moon
I know beyond a doubt
My heart will lead me there soon

C’est bien au-delà les étoiles
C’est proche au-delà la lune
Je sais hors de tout doute
Mon cœur m’y conduira bientôt

We’ll meet beyond the shore
We’ll kiss just as before
Happy we’ll be beyond the sea
And never again I’ll go sailing

Nous nous rencontrerons au-delà de la rive
Nous embrasserons tout comme avant
Heureux, nous serons, au-delà de la mer
Et jamais j’irai voile

I know beyond a doubt
My heart will lead me there soon
We’ll meet (I know we’ll meet) beyond the shore
We’ll kiss just as before
Happy we’ll be beyond the sea
And never again I’ll go sailing

Je sais hors de tout doute
Mon cœur m’y conduira bientôt
Nous nous rencontrerons – je sais nous nous rencontrerons – au-delà de la rive
Nous embrasserons tout comme avant
Heureux, nous serons, au-delà de la mer
Et jamais j’irai voile

No more sailing
So long sailing
Bye, bye sailing…

Pas plus la voile
Au revoir la voile
Adieu la voile…

Non, je ne regrette rien – Edith Piaf

Une chanson classique, que j’ai mis ici dans ma charrette pour ma femme, qui a juste commencé à apprendre le français.

Non, rien de rien
Non, je ne regrette rien
Ni le bien qu’on m’a fait
Ni le mal; tout ça m’est bien égal.

No, nothing at all
No, I regret nothing
Neither the good done to me
Nor the bad – it’s all the same to me.

Non, rien de rien
Non, je ne regrette rien
C’est payé, balayé, oublié
Je me fous du passé.

No, nothing at all
No, I regret nothing
It’s paid in full, swept away, forgotten
I couldn’t care less about the past

Avec mes souvenirs
J’ai allumé le feu
Mes chagrins, mes plaisirs
Je n’ai plus besoin d’eux !

I’ve used my souvenirs
as fire-starters
My sorrows, my pleasures —
I don’t need them any more

Balayées les amours
Et tous leurs trémolos
Balayés pour toujours
Je repars à zéro

Swept away: all my loves
and all their quivering
Swept away for good
I’m starting from scratch.

Non, rien de rien
Non, je ne regrette rien
Ni le bien qu’on m’a fait
Ni le mal; tout ça m’est bien égal

No, nothing at all
No, I regret nothing
Neither the good done to me
Nor the bad – it’s all the same to me.

Non, rien de rien
Non, je ne regrette rien
Car ma vie, car mes joies
Aujourd’hui, ça commence avec toi

No, nothing at all
No, I regret nothing
Because my life, my joys —
Today, they begin with you.

Un beau jour – Ronald Bourgeois

Il y a deux semaines, ma femme et moi sommes allés à Celtic Colours (Couleurs celtiques; site en anglais), un festival sur l’île où je suis né, Cap-Breton, Nouvelle-Écosse. Chaque automne, ces neuf jours célébrent la musique, la culture, et le patrimoine de l’île.

À la forteresse de Louisbourg, un soir, nous avons assisté à un concert mettant en vedette une famille écossaise qui chantaient en gaélique; deux jeunes musiciens (Maxim Cormier et Douglas Cameron); et  Ronald Bourgeois, originaire de Chéticamp, Cap-Breton.

J’aime beaucoup les chansons que Ronald a chanté, et je regrette que je n’ai pas eu à le rencontrer. Peut-être un beau jour…

Un beau jour
je vais traverser
l’autre bord dans l’autre monde
plus de peine, plus de tristesse
juste un soleil couleur de miel

One fine day
I’m going to cross over to the next life
no more pain, no more sadness
just honey-colored sunlight

Un beau jour
je vais me lever
pour me plus jamais tomber
j’aurai justice, j’aurai tendresse
j’aurai fini de me battre ici

One fine day
I’m going to rise
so that I’ll never fall again
I’ll have justice, I’ll have tenderness
I’ll be done with my struggling here

Un beau jour, un beau jour
je vais rentrer un beau jour
je vais marcher dans ça lumière
et me baigner dans l’amour

One fine day, one fine day
I’m going to go back one fine day
I’m going to walk in that light
and bathe in love

Un beau jour
je ferai sauter
tous ces murs qui nous enferment
je vais danser, je vais t’aimer
sur la poussière de nos chaînes

One fine day
I’m going to leap over
all these walls that surround us
I’m going to dance, I’m going to love you
on the dust of our chains

Un beau jour, un beau jour
je vais rentrer un beau jour
je vais marcher dans ça lumière
et me baigner dans l’amour

One fine day, one fine day
I’m going to go back one fine day
I’m going to walk in that light
and bathe in love.

Un beau jour, je vais m’envoler
Comme un oiseau vers le sud
Belle espoir je vais chanter
pour tous ceux qui n’en peuvent plus.

One fine day, I’m going to fly away
Like a bird heading south
I’m going to sing of beautiful hope
for all those who can’t go on.

Un beau jour, un beau jour
je vais rentrer un beau jour
je vais marcher dans ça lumière
et me baigner dans l’amour

One fine day, one fine day
I’m going to go back one fine day
I’m going to walk in that light
and bathe in love

Laisse le vent souffler

Pas de besoin de traduire en français les paroles de Zachary Richard, qui a écrit sa propre traduction en anglais ici. J’ai mis ma traduction ici parce que j’ai l’envie de le faire, et parce que (encore une fois) je veux faire rouler plus souvent ma charrette.

J’aimerais d’assister à un spectacle comme celui-ci, si quelqu’un dans la foule allait me montrer comment danser comme ça.

Le Sheriff est venu
Pour nous avertir.
Il nous dit qu’un ouragan
Après s’en venir.

The sheriff came by
to warn us
He said there’s a hurricane
on its way

Je me fous pas mal
Quoi c’est la loi m’a dit.
Moi j’vas rester
Rester ici.

I don’t give a damn
what the law says
Me, I’m gonna stay
right here

Laisse le vent souffler.

Let the winds blow

J’en ai déjà vu,
Elle s’appelait Audrey  (ouragan de 1957 [en anglais])
J’en ai déjà vu,
Elle s’appelait Camille (1969 [en français])
J’en ai déjà vu,
Elle s’appelait Hilda (1964 [en anglais])
J’en ai déjà vu,
Elle s’appelait Katrina (2005 [en français])

I’ve seen one before
it was called Audrey
I’ve seen one before
it was called Camille
I’ve seen one before
it was called Hilda
I’ve seen one before
called Katrina

Laisse le vent souffler..

So let those winds blow

Dans le Cameron,
Sud de Vermilion.
Dans l’Ibérie,
Pas loin d’ici

Down in Cameron
a
nd South Vermilion
i
n Iberia
not far from here

Je me fous pas mal,
Quoi c’est que tu me dis.
Moi j’vas rester,
Rester ici.

I don’t give a damn
about what you’re saying
Me, I’m gonna stay
Gonna stay right here

Laisse le vent souffler

Let the winds blow

Suas Leis a’ Ghàidhlig – Vive le gaélique

Le dernier mai, je suis allé aux Victoria Highland Gamesles Jeux des Highlands Victoria. C’est une célébration de la culture écossais, avec de la musique, de la danse, des concours, de la nourriture, et beaucoup de personnes à la peau pâle et les cheveux roux.

Par hazard, j’ai trouvé un stand avec des informations de Guth nan Eilean (La voix de l’île), la chorale gaélique de Victoria. Et quelques minutes plus tard, j’étais assis dans la tente où le chœur était sur ​​le point de chanter.

J’ai écrit souvent, ici dans ma charrette, que je ne parle que quelques mots de gaélique. Mais elle était la langue de tous mes aïeux, et ceux qui de temps en temps visitent la charrette peuvent voir ici beaucoup des chansons en gaélique.

Alors — j’ai apprécié la performance tant que je m’ai demandé, pendant la semaine prochaine, si je dois rejoindre ce groupe.

Il me faut apprendre à chanter en harmonie, et je dois aussi apprendre les mots (et leur pronunciation) en gaélique. Tout de même, j’ai déjà eu beaucoup de plaisir.

Et je veux partager cette chanson, Suas Leis a’ Ghàidhlig — Vive le gaélique. Cette chanson célèbre la langue et encourage les gens à la chérir, comme tous les gens devraient chérir la langue qui a soutenu leur culture.

Dans la vidéo, une collection de chorales chante quelques versets, mais j’ai mis des autres versets ici dans ma charrette. (Les chorales ont participé à un Mod — un festival gaélique — à Paisley, en Écosse.)

Togaibh i, togaibh i, cànan ar dùthcha,
Togaibh a suas i gu h-inbhe ro-chliùitich;
Togaibh gu daingeann i ‘s bithibh rith’ bàidheil,
Hi ho rò, togaibh i, suas leis a’ Ghàidhlig!

Praise it, praise it, the language of our country
Give it honourable status
Promote it with spirit, and treat it with affection,
Hi horo, praise it, up with the Gaelic.

Glorifiez-la, glorifiez-la, la langue de notre pays
Donnez-elle le statut honorable
Promouvez-la avec esprit, et la traitez avec affection
Hi horo, glorifiez, vive le gaélique

‘S i cànan na h-òige; ‘s i cànain na h-aois;
B’ i cànan ar sinnsir; b’ i cànan an gaoil;
Ged tha i nis aost’, tha i reachdmhor is treun;
Cha do chaill i a clì ‘s cha do strìochd i fo bheum.

It’s the language of youth, it’s the language of the aged,
it was the language of our ancestors, it was the language they loved
Although it is now old, it is robust and strong
It has not lost its power, and it has not surrendered to misfortune.

Elle est la langue des jeunes, elle est la langue des vieux
Elle était la langue de nos aïeux, elle était la langue qu’ils aimaient
Bien que maintenant elle est vieille, elle est robuste et forte
Elle n’a pas pardue son pouvoir, et elle n’a pas renoncé à malheur

Tha mòr-shruth na Beurla a’ bagradh gu cruaidh
Ar cànain ‘s ar dùthchas a shlugadh a suas;
Ach seasaibh gu dìleas ri cànain ur gaoil,
‘S chan fhaigh i am bàs gu ruig deireadh an t-saoghail.

The great stream of English threatens to overtake
our language and heritage
But stand fast to our beloved language
and the world will end e’re she would die

Le grand courant d’anglais menace de dépasser
Notre langue et notre patrimoine
Mais tenir ferme à notre langue bien-aimée
et le monde finira avant qu’elle allait mourir.

O togaibh ur guth às leth cànan nam beann,
Is cluinnteadh a fuaim air feadh mhonadh is ghleann;
Àrd-sheinnibh a cliù ann am bàrdachd ‘s an ceòl,
‘S na leigibh le coimhich a masladh rar beò.

Raise your voices for the language of the bens
And its sound will be heard throughout moorland and glen
Sing high its renown in poetry and music
Put the lie to the aspersion that Gaelic doesn’t live

Lever vos voix pour la langue des bens (beinn, colline de l’Écosse)
et son son sera entendu à travers les landes et les vallons
Chantez haut son renommé avec la poésie et la musique
Montrez combien est fausse l’affirmation selon laquelle gaélique ne vit pas

O togaibh a bratach gu h-àrd anns an tìr,
‘S biodh litrichean maireannach sgrìobht’ air gach cridh’,
Cha trèig sinn a’ Ghàidhlig, ‘s cha chaill i an deò;
Cànain mhùirneach ar dùthcha, cha trèig sinn rar beò.

Raise her banner over the land,
and living letters will be written on each heart
We won’t desert the Gaelic; we will never lose it,
the precious language of our heritage, as long as we live.

Élevez sa bannière au-dessus du pays
et des lettres vivantes seront écrit sur chaque coeur
Nous n’abandonnerons jamais le gaélique; nous ne la perdrons jamais,
la langue précieuse de notre patrimoine, aussi longtemps que nous vivons.

Lisa LeBlanc: aujourd’hui, ma vie c’est d’la marde

Vraiment? Six mois sans rien de nouveau dans la charrette?

Bon, alors–l’automne dernier, j’ai déménagé d’une banlieu de Washington DC à Victoria, en Colombie-Britannique. (Mes meubles ont été plus lents, parce qu’ils avaient apparrement l’envie de se rendre à Ottawa avant de venir à l’île de Vancouver.)

Pendant onze semaines, j’ai resté à un «bed and breakfast». Voici ma petite chambre à The Craigmyle House:

L’une des autres clients était de Nouveau-Brunswick. Elle m’a parlé de Brayons, gens francophones  dans sa région de N-B. Vers la même époque, je suis venu par hazard à cette vidéo-ci.

Lisa LeBlanc, mon amie m’a dit, chante avec l’accent brayon.

Cette chanson–très difficile pour moi, avec tant d’argot et tant de mots inconnu–néanmoins me fait sourire. Il me semble, comme je dirais en anglais, que Lisa est elle-même: elle accepte qui elle est et écrit des chansons qui se sentent fidèle à elle.

Aujourd’hui, ma vie c’est d’la marde

À matin mon lit simple fait sur de me rappeler
que je dors dans un lit simple.
avec les springs qui m’enfoncent dans le dos
comme des connes.
j’ai pu l’gout qu’on me parle de conte de disney.
le prince charmant c’t’un cave
pis la princesse c’t’une grosse salope.
y’en aura pas de facile.

In the morning, my single bed makes sure to remind me
that I’m sleeping in a single bed
with springs that stab me in the back
like bastards

I feel like people are telling me a Disney story
Prince Charming is a shit
and the princess is a tramp
this ain’t going to be easy

peut-être que demain ca ira mieux
mais aujourd’hui ma vie c’est de la marde.
peut-être que demain ca ira mieux
mais aujourd’hui ma vie c’est de la marde.

Maybe things’ll be better tomorrow
but today, my life is the shits
Maybe things’ll be better tomorrow
but today, my life is the shits

j’avais les genoux mous pi toute
c’étais la plus belle affaire du monde.
on aurait pu être l’inspiration d’une toune de Céline Dion.
mais quand y’a vu l’autre fille
qui étais plus chics que moi.
il l’a ramené chez eux drette devant mes yeux.
ostie de gang de pas de classe.

I was weak at the knees
it was the greatest love story in the world
coulda inspired a song by Céline Dion
but when he saw another girl
cuter than me
he headed off home with her
right before my eyes
goddamned couple of losers

peut-être que demain ca ira mieux
mais aujourd’hui ma vie c’est de la marde.
peut-être que demain ca ira mieux
mais aujourd’hui ma vie c’est de la marde.

Maybe things’ll be better tomorrow
but today, my life is the shits
Maybe things’ll be better tomorrow
but today, my life is the shits

j’ferais attention à toi mon petit gars
parce que mes chums de filles veulent te casser les jambes
j’ferais attention à toi mon petit gars
parce que mes chums de filles veulent te casser les jambes

I’d watch out if I were you, little boy
because my girlfriends want to break your legs
I’d be careful if I were you, little boy
because my girlfriends want to break your legs

j’ai l’air d’une grosse robineuse assie toute seule au bar
en bitchant toute la soirée
à ceux qu’y’ont le malheur de m’écouter.
j’l’eu dit peut-être que demain ca ira mieux
mais aujourd’hui ma vie c’est de la marde.

I’m like an old drunk, sitting by myself in a bar
Bitching all night long
to the people unlucky enough to hear me
I told them maybe things’ll be better tomorrow
but today, my life is the shits